Vous l’avez probablement vu passer sur les réseaux sociaux, ou dans des vidéos YouTube. Un petit boîtier Orange, doté d’un écran tactile, avec un affichage minimaliste. Son nom ? Le Rabbit R1. Présenté en début d’année à l’occasion du CES 2024, il promet de remplacer votre smartphone en repensant complètement l’interface homme-machine. Comment ? Avec une bonne dose d’IA, évidemment.
Un assistant IA personnel dans votre poche
La promesse première de Rabbit est de vous permettre de faire ce que vous faisiez déjà avec votre smartphone. Mais différemment.
En effet, là où votre téléphone vous oblige à naviguer au sein d’une forêt d’applications, de menu, de sous-menus et de réglages, le Rabbit r1 simplifie au maximum les interactions avec ses utilisateurs.
Pour atteindre son but, l’appareil se base sur un modèle d’IA autonome de type LAM – large action model – capable de lire et générer du texte, de la voix, des images, et d’interagir avec divers programmes, sous diverses formes. Ce modèle, qui a été préalablement entrainé sur les applications existantes, est capable de traduire du texte ou de la voix en actions concrètes sur ces dernières. Par exemple, si vous lui demandez « Prends moi en photo et mets-là en image de profil sur Instagram », le r1 sera capable de déterminer lui-même toutes les actions à effectuer sur les applications tel que nous les connaissons, et dans quel ordre, pour les faire à notre place. Du moins, c’est l’objectif final.
Et c’est là le point fort de l’appareil: il ne se repose pas sur la bonne volonté des éditeurs d’applications qui devraient proposer une API par exemple. Le R1 est capable d’interagir avec n’importe quelle application dans son état actuel, et c’est ici tout l’intérêt de l’IA
Ainsi, ce Rabbit R1 se trouve à la croisée des chemins entre un smartphone et un assistant IA, disposant des fonctionnalités du premier, et ayant la forme du second.
Sous le capot
En termes de format, le Rabbit r1 est aussi long que large, format un carré, et fait environ la moitié d’un iPhone traditionnel (7.8 x 7.8 cm), avec un écran de 2.88 pouces. Il promet une autonomie d’une journée, dispose de 4Go de mémoire vive et 128Go de stockage interne, le tout pour un poids total de 115g. Vous l’aurez compris, on n’est pas face à une bête de guerre, mais le résultat reste assez propre, surtout pour 200$. L’appareil est bien sûr doté d’un microphone et d’un haut-parleur, ainsi que d’un seul module photo, capable de pivoter pour servir de caméra frontale.
Actuellement, les fonctionnalités, détaillées sur le site de rabbit, sont encore assez limitées: recherche sur internet, analyse d’image, prise de notes, traductions… Mais ces dernières sont amenées à s’étendre. A noter que l’OS de l’appareil se base sur Android – rien de bien surprenant.
Un (plus) juste équilibre
Vous vous rappelez peut-être du AI pin, qui avait également fait grand bruit il y a quelques mois avant de devenir un échec cuisant. L’appareil, qui se présentait lui aussi comme le futur du smartphone, avait une philosophie similaire à celle du Rabbit r1: réduire au minimum les interactions avec l’utilisateur. Mais l’AI pin était allé encore plus loin, en retirant totalement l’écran de l’appareil. Toutes les infos visuelles devaient être projetées sur la paume de la main de l’utilisateur.
Le résultat ? Un énorme bide. Comme le détaille génération-nt, une prise en main complexe, une ergonomie terrible, et un appareil capricieux ont vite fait redescendre l’engouement né autour de ce dernier. Et ne parlons pas du prix : 700 $ au minimum, sans compter un abonnement obligatoire de 24 $ par mois, simplement pour se connecter à internet. Dans ces conditions, dur d’imaginer une autre issue.
Mais le r1, ou du moins sa philosophie, est – à mes yeux – loin d’être promis au même destin. Avec un prix (hors taxes) de 200 $ et une connectivité qui passe par une SIM traditionnelle sans abonnement supplémentaire – ce que Rabbit n’hésite pas à mettre en avant sur son site, l’appareil est déjà bien plus enclin à être adopté par un large panel d’utilisateurs.
Mais surtout, le r1 a su être un peu plus contenu, sans pour autant rogner sur l’innovation. La présence d’un écran tactile physique (et pas d’un mini projecteur), avec lequel tout le monde est familier, rassure. Le r1, c’est quelque chose qu’on touche, qu’on a dans la paume de la main, comme son smartphone: l’évolution est là, mais elle ne bouleverse pas les habitudes, les gestes. Il devient alors bien plus envisageable pour un utilisateur de troquer son smartphone avec un r1, plutôt qu’avec un pin-projecteur-assistant vocal – à 700$.
Et à l’avenir ?
Si ce type d’appareil paraît idéal pour des utilisateurs souhaitant prendre de la distance avec leurs smartphones, qui peuvent être à la source de nombreuses addictions, il est clair qu’une écrasante majorité d’entre eux ne souhaitera pas se séparer de leur écran 6 pouces et de tout le confort qui en découle. Cela nous permet cependant de projeter les nouveaux usages permis par l’intégration de l’IA sur nos smartphones traditionnels à moyen terme.
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